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La FreedomBox Foundation, une révolution annoncée

Rassurez-vous, on ne va pas faire de la pub pour une énième box d’un FAI qui voudrait s’en mettre plein les poches, bien au contraire ! La FreedomBox Foundation propose une nouvelle vision du web et révolutionnera sans doute à terme les problèmes de confidentialité des données.

Eben Moglen, professeur de droit et d’histoire du droit à l’université Columbia et avocat conseil de la Free Software Foundation, a tenu un discours lors de l’événement intitulé Freedom in The Cloud, organisé par le New York ISOC branch. Il y a donc présenté le projet de la FreedomBox Foundation.

Lors de son intervention, Eben Moglen a démontré à quel point tous nos outils web (notre agenda en ligne, notre compte Gmail…) sont espionnés, que chaque information que nous échangeons via nos réseaux sociaux sont analysés et réutilisés à des fins commerciales ou contrôlés pas les Etats. Il s’interroge sur le fait que nous avons jeté notre vie privée à la poubelle, concédant nos informations personnelles aux serveurs de Microsoft, Facebook et Google :

 » Nous sommes tous plus ou moins connus sur internet. Nous voulons y vivre. C’est notre lieu de vie. Nous ne voulons simplement pas vivre avec une caméra vidéo sur chaque arbre et un micro dans chaque buisson, et un data miner sous nos pieds partout où nous marchons, et internet est comme cela aujourd’hui« .

Il pose donc la question : « pouvons nous revenir en arrière ? « . Sa réponse : oui !

Regardez la vidéo de son intervention en version originale et intégrale en cliquant ici.

La liberté selon la FreedomBox Foundation

La FreedomBox va donner la possibilité d’avoir un serveur personnel fonctionnant avec un système d’exploitation libre, utilisant des logiciels libres, visant à créer et préserver nos données personnelles.

L’idée serait de fonctionner avec des « plug servers » qui sont en fait des ordinateurs compacts, pas plus grands que votre chargeur de batterie. Ces plugs servers seront donc placés chez les gens, ou dans les bureaux, et donneront la possibilité aux personnes de maîtriser leur vie privée et leurs informations personnelles : une véritable alternative  aux réseaux centralisés et contrôlés par les sociétés privées et les Etats.

La principale difficulté de ce projet n’est pas technique, mais plutôt que les gens doivent prendre conscience que leur vie n’est en rien privée actuellement sur internet et qu’ils doivent donc changer leurs habitudes. Il faudra alors abandonner Facebook et Gmail et utiliser de nouveaux logiciels libres. Oui, il est bien question ici d’abandonner Facebook !

La FreedomBox Foundation avait utilisé le site Kickstarter dans une logique de Crowd Founding pour  récolter des fonds via des donations. Avec un objectif de 60.000 $, ils en ont finalement récolté près de 90.000 ! Il est d’ailleurs toujours possible d’effectuer des donations via un compte PayPal. Ce projet prend donc de l’ampleur et fédère de nombreuses personnes. Comme quoi il n’est pas si aberrant d’imaginer pouvoir changer nos habitudes 2.0.

La FreedomBox Foundation : véritable révolution

Ce projet est donc réellement révolutionnaire : cela redéfinirait le fonctionnement du web et permettrait théoriquement plus de libertés et plus de confidentialité pour l’utilisateur. On peut même imaginer l’impact dans les pays totalitaires : il ne pourrait théoriquement plus y avoir de contrôle par les Etats.

Mais cette vision d’un nouvel internet soulève des questions et rentre en contradiction avec les tendances du moment : cela va par exemple à l’encontre du Cloud Computing qui était pourtant l’un des sujets phares de cette même conférence au nom évocateur : Freedom in the Cloud. Là où certains voient nos données « dans les nuages », Eben Moglen les voit dans de minis serveurs hébergés à la maison.

Autre paradoxe, alors que nous nous félicitons aujourd’hui du rôle qu’a pu jouer Facebook ou Twitter en Tunisie et en Egypte, Eben Moglen y voit lui une réelle menace pour notre vie privée et veut contrer ces réseaux sociaux. Pourtant on peut se demander quel logiciel libre pourra avoir autant de poids que Facebook et Twitter. Cela arrivera peut être à terme, mais dans l’immédiat, la révolution du monde arabe se situe sur les réseaux sociaux actuels.

La FreedomBox Foundation est donc une démarche à suivre, qui peut apporter un réel changement dans les années à venir, mais il faut aussi prendre conscience que de grands changements s’opèrent dès aujourd’hui. En attendant les logiciels libres de demain, il faut pour l’instant utiliser les supports actuels, qui, même s’ils présentent des effets pervers au niveau de la confidentialité, représentent le seul moyen d’expression pour certains peuples.

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