Depuis la prise de fonction du nouveau président des français, et l’engagement du premier ministre (open-data, déontologie, choix numérique … l‘article de Numerama ), nous avions envie de vous expliquer simplement en quoi consiste le concept d’ « Open Gouvernance ».
(Les anglo-saxons parlent d’« Open Gov », et nos cousins canadiens parlent eux de Démocratie Ouverte).
Nous découperons notre article de la manière suivante :
– Un peu d’historique en 3 dates clés
– L’émergence d’une démarche
– Je partage, je participe, je coopère donc je suis !
– Quelques exemples concrets
3 dates clés
1966 : Vote d’une loi sur l’accès libre aux Etats Unis (Freedom of Information Act) pour répondre aux exigences de transparence demandée par le public dans le contexte de la guerre du Vietnam.
1999 : Dick Morris publie Vote.com. Cet ancien conseiller de Bill Clinton prédisait qu’Internet allait bouleverser la manière de pratiquer la politique.
2009 : « Open Governement Initiative », l’un des grands projets de l’administration du président Barack Obama. Cette « initiative » vise à créer un niveau sans précédent de transparence et d’ouverture du gouvernement. Cette initiative engage le gouvernement et ses agences à travailler avec les citoyens.
Merci Wikipedia ;) et pour plus d’infos ici
L’émergence d’une démarche
De la révolution sociale à la révolution politique
En 1968, nos parents partageaient un rêve d’Utopie de partage du pouvoir et de gouvernance. A l’époque les nouvelles technologies de communication n’existaient pas encore, aujourd’hui ont elles le potentiel de changer la donne ?
Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour percevoir une perte de confiance assez flagrante des citoyens envers les politiques et les médias.
Comment rendre compréhensible des décisions prises par des entités complexes ? Comment rendre des comptes à nous autres citoyens, qui élisons ceux qui sont à la tête d’un parlement ou d’un gouvernement, censés être des outils du peuple ?
Nul ne peut ignorer ou dénigrer l’impact des nouvelles technologies au lendemain des Révolution arabes, ou celui du mouvement des indignés considérablement amplifié et renforcé par Internet.
Nous avions parlé à l’époque de Révolution Assistée par Ordinateur.
Avec les élections présidentielles, nous avons pu constater des prises de parole engagées, parfois militantes sur les réseaux sociaux.
Quand 80% des français se déplacent pour voter, on ne peut s’empêcher de penser qu’une nouvelle forme de politique est possible. En tous les cas et c’est indéniable le citoyen influence, et celui ci DOIT participer aux prises de décision du gouvernement et du parlement.
Nous assistons à une nouvelle façon de faire de la politique, mais aussi une nouvelle manière d’écouter les politiques et de vérifier ce qu’ils nous racontent avec le « fact-checking ».
Néanmoins comme le mentionne DémocratieOuverte.org :
« Cela suppose que les citoyens fassent usage de leur nouveau pouvoir, non pas uniquement pour exprimer leur indignation à l’égard de leurs élites, mais également pour participer à la construction de solutions nouvelles en collaboration avec ceux qui les portent. »
« POWER TO THE PEOPLE »
Comment impliquer les citoyens, et le replacer au c??ur du processus démocratique pour favoriser l’action collective ? Comment rendre plus accessible la politique ?
Comment lutter contre les privilèges ? La corruption ? Les dépenses publiques qui sont parfois indécentes et hallucinantes ?
« Je partage, je participe, je coopère, donc je suis ! »
« Cette « initiative » vise à créer un niveau sans précédent de transparence et d’ouverture du gouvernement. Elle se situe dans une tendance émergente qui est celle de l’Open source governance, qui prône l’application en politique et dans la gouvernance des démocraties de philosophies telles que l’open source et les « contenus ouverts » (Open data), pour permettre à tout citoyen intéressé de contribuer à créer les contenus de la Politique, et pour permettre aux gouvernements de mieux bénéficier des savoirs et des savoir-faire locaux »
Ce schéma permet de comprendre que la notion d’Open Gouvernance s’appuie sur 3 fondamentaux : Transparence, Coopération et Participation
A. Etre transparent, pour créer la confiance
open data + processus de gouvernance + dataViz
a) Open data
Il s’agit d’une démarche qui consiste à rendre les données numériques accessibles et utilisables par tous.
Au lieu d’un long discours, une vidéo qui explique l’Open data
« L’information doit circuler librement »
Open Government Data Definition: The 8 Principles of Open Government Data Opengovdata.org
Government data shall be considered open if the data are made public in a way that complies with the principles below:
1. Data Must Be Complete
All public data are made available. Data are electronically stored information or recordings, including but not limited to documents, databases, transcripts, and audio/visual recordings. Public data are data that are not subject to valid privacy, security or privilege limitations, as governed by other statutes.
2. Data Must Be Primary
Data are published as collected at the source, with the finest possible level of granularity, not in aggregate or modified forms.
3. Data Must Be Timely
Data are made available as quickly as necessary to preserve the value of the data.
4. Data Must Be Accessible
Data are available to the widest range of users for the widest range of purposes.
5. Data Must Be Machine processable
Data are reasonably structured to allow automated processing of it.
6. Access Must Be Non-Discriminatory
Data are available to anyone, with no requirement of registration.
7. Data Formats Must Be Non-Proprietary
Data are available in a format over which no entity has exclusive control.
8. Data Must Be License-free
Data are not subject to any copyright, patent, trademark or trade secret regulation. Reasonable privacy, security and privilege restrictions may be allowed as governed by other statutes.
Finally, compliance must be reviewable.
A contact person must be designated to respond to people trying to use the data.
A contact person must be designated to respond to complaints about violations of the principles.
An administrative or judicial court must have the jurisdiction to review whether the agency has applied these principles appropriately.
b) Processus de gouvernance
Etre clair et précis pour être compris ! Qui gouverne et comment ? Quelles sont les règles du jeu ?
c) DataViz
Nous assistons à l’émergence de plus en plus d’infographies. En effet quand des graphiques ou les camemberts sont peu sexys et ternes une mise en forme de données esthétique garantit une compréhension immédiate.
B. Participer pour agir
Il s’agit de (re)placer le citoyen au c??ur du processus démocratique.
Comment le sensibiliser ? Comment susciter son interêt ? Comment recueillir les critiques et les avis ?
Pour cela il doit être consulté régulièrement, via les nouvelles technologies, via des réunions publiques, des débats.
Il ne s’agit plus de réunions uni-directionnelles, mais bien plus d’échanges transversaux. Les élus ne viennent pas uniquement avec leurs réponses, mais sont là aussi pour écouter et construire avec leurs concitoyens.
Les citoyens accèdent aux données publiques, libres et ouvertes, ils peuvent contrôler et évaluer l’action des représentants, on les qualifie dorénavant de « portes paroles ». La démocratie représentative laisse place à une démocratie d’expression, comme les réclamations des mouvements des indignés ou Occupy Wall Street. L’éthique Hacker du jeu se transforme en élément clé de la vie collective. Le monde se « gamifie ». Les bons citoyens sont récompensés de leur effort’ (Ubsek & Rica numéro 02 ‘Printemps 2012)
C. Coopérer pour construire
Il n’est plus possible de fonctionner en s’appuyant sur le modèle pyramidal. D’attendre que tout parte d’en Haut, ce modèle de direction connaît ses dernières heures.
La transversalité est une valeure sure, tout en s’appuyant sur une méthode agile.
Il s’agit de véhiculer les informations de manière plus efficace. Chacun peut interagir quelque soit sa place. J’ai une idée, une envie, un besoin je peux l’exprimer sans peur de réaction hierarchique.
Les organisations mêmes si elles sont différentes dans leur structure : associations, collectivités, entreprises ont besoin les unes des autres. Aussi il est fondamental de créer des passerelles et des liens beaucoup plus fort entres elles.
Grâce aux nouvelles technologies, les citoyens peuvent se retrouver au c??ur des décisions locales et à la production des lois.
Quelques exemples
Une première démarche de démocratie ouverte et le GouvCamp
Pour le fonctionnement du mouvement, certains principes fondateurs ont même été posés :
- Produire du savoir, de la connaissance et des contenus pédagogiques (en français) autour du principe de démocratie ouverte. Diffuser aux politiques, sur internet et dans les médias ces contenus, notamment à travers la plateforme democratieouverte.org
- Appliquer au mouvement les principes d’ouverture, de transparence, de participation et de collaboration qu’il promeut. En particulier en documentant ses actions et en publiant les comptes du collectif, en toute transparence.
- Collaborer entre acteurs francophones de la démocratie ouverte (OpenGov). Partager une réflexion commune, une entraide et une mutualisation d’actions et de moyens.
- Viser et promouvoir un idéal démocratique tout en se plaçant dans une démarche d’action concrête, dans une logique constructive d’expérimentation et d’avancées itératives.
- Rester ouvert à toutes les bonnes volontés et aux différentes énergies de la société tout en restant indépendant, non-partisan et non-coloré politiquement.
- Concevoir, promouvoir et tester des dispositifs techniques en OpenSource et répondant à la logique du libre.
Une seconde démarche de OpenGovTN
OpenGovTN est un groupe de travail pour la transparence et l’OpenGov en Tunisie.
Leurs Objectifs :
– Favoriser l’inscription dans la constitution de la transparence totale comme règle de gouvernance ainsi que les lois relatives telle que le droit de l’accès à l’information
– Réforme de l’administration tunisienne par l’adoption de l’OpenData et l’OpenGov
Conclusion
Transparence, Participation et Collaboration sont 3 piliers fondamentaux chez 50A.
Quelque soit ses couleurs politiques (tant qu’elles restent démocratiques bien entendu), il nous semble évident de participer à l’ évangélisation de cette démarche.
Comment ??uvrer pour la rendre compréhensible et accessible à chaque citoyen ? Celui ci est au c??ur des décisions, et finalement responsable de la politique pratiquée. Dans tous les cas une chose est sûre il est le gardien et le constructeur d’une démocratie d’expression qui s’appuie sur le partage et l’échange. Pour cela les pouvoirs publics doivent proposer et mettre à disposition des espaces citoyens.
A l’heure où certains états amorcent cette démarche via notamment l’Open Governement PartnerShip (http://www.opengovpartnership.org/), les états francophones sont relativement discrets’ Toutefois, nous pouvons noter l’amorce de cette démarche dans la charte signée récemment par nos ministres.
Voilà pourquoi nous proposons de se retrouver en septembre autour d’un #gouvcamp, barcamp dédié à l’Open Gouvernance.
Cet événement rassemblera pouvoirs publics et citoyens afin d’échanger autour de cette démarche qui permet de renouer avec les valeurs fondamentales de la politique.
Article rédigé par Thibaut / @Thibio_
> Sources de l’article
Démocratie Ouverte
Fhimt
Un rapport pdf : http://www.consultationgautrinweb2.gouv.qc.ca/a/pages/actualites
Magazine Ubsek & Rica (Ubsek & Rica numéro 02 ‘Printemps 2012)
10 Commentaires
We believe in Stallman. | 50A BLOG
4 juillet 2012 at 15 h 24 min[…] La suite de la conférence s’est déroulée avec des questions du public. Ces questions ont permis d’aborder divers sujets tels que le Cloud par exemple… qui, selon Stallman « n’existe pas » et n’est qu’une technique pour confondre les gens dans les technologies. L’importance du reverse engineering (bien connu de 50A), le développement de l’open gouvernance… […]
Lift 2012 : la grosse Synthèse | 50A BLOG
5 octobre 2012 at 9 h 22 min[…] Pour comprendre l’opengov […]
La stratégie digitale au service de la stratégie politique | 50A BLOG
7 mars 2013 at 16 h 36 min[…] de cette nouvelle politique n’est pas concevable sans comprendre les fondamentaux de l’open gouvernance. La transparence et la participation sont les maîtres mots de la démocratie directe comme […]
Interview : Fluicity, l'appli de la démocratie participative locale - 50A BLOG
20 juillet 2015 at 8 h 02 min[…] Et découvrez également notre article sur Movimento et l’open gouvernance. […]
[Infographie] Barcamp, le mode d'emploi - 50A BLOG
28 juillet 2015 at 15 h 39 min[…] à l’affut, nous prévoyons d’organiser un barcamp sur l’open-gourvernance dans les mois qui viennent […]
Qui gouverne en Algérie ? | | La Tribune Diplomatique Internationale
30 mars 2019 at 2 h 32 min[…] LIRE AUSSI : C’EST QUOI « L’OPEN GOUVERNANCE» […]
Montargis - Démarche Participative - Intervention du 4/10/2013 - Citoyens du montargois : la Liste Citoyenne de Montargis
30 juin 2020 at 15 h 13 min[…] http://blog.50a.fr/evenementiel/cest-quoi-lopen-gouvernance […]
La stratégie digitale au service de la stratégie politique - 50A BLOG
1 septembre 2020 at 12 h 02 min[…] de cette nouvelle politique n’est pas concevable sans comprendre les fondamentaux de l’open gouvernance. La transparence et la participation sont les maîtres mots de la démocratie directe comme […]
Marseille, capitale de l'innovation - 50A BLOG
21 janvier 2021 at 12 h 21 min[…] Pour comprendre n’hésitez pas à relire cet article. […]
We believe in Stallman. - Le blog de 50A
16 mars 2023 at 11 h 27 min[…] La suite de la conférence s’est déroulée avec des questions du public. Ces questions ont permis d’aborder divers sujets tels que le Cloud par exemple… qui, selon Stallman « n’existe pas » et n’est qu’une technique pour confondre les gens dans les technologies. L’importance du reverse engineering (bien connu de 50A), le développement de l’open gouvernance… […]