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janvier 2014

ARCHITECTURE SOCIALE COWORKING LAB DIGITAL EVENEMENTIEL

Internet des Objets : Comment y aller ? (3/3)

Après le trop-plein d’enthousiasme du post précédent sur l’actualité du CES 2014 concernant l’internet des objets, l’acquisition du thermostat Nest par Google… (pour un montant record de 3.2 milliards de dollars afin de s’emparer des meilleurs designers mondiaux), il est temps de conclure par quelques recommandations de sagesse… dans cet engouement général.

Olivier Ezratty : “cela prise parfois l’absurde”

Difficile d’être passé à côté de la profusion attendue des objets dits “intelligents” contée par Olivier Ezratty dans son compte-rendu à chaud des Premiers Retours du CES 2014

Tout est potentiellement connectable au point que cela frise parfois l’absurde : la brosse à dents (chez le français Kolibree), le distributeur de médicaments, le lit, l’oreiller, la raquette de tennis (chez le français Babolat, ci-dessus, équipé du SDK de Movea), le ballon de foot, les chaussures, les vêtements, le Voyce qui vous permet de comprendre les humeurs de votre animal domestique ou le détecteur de bed bugs. Le CES démontrait cette frénésie un peu délirante consistant à connecter un peu tout et n’importe quoi avec au passage, de nombreuses redondances entre objets.

Un point de vue critique recevable. Cette première vague de babioles connectées ne doit pas nous faire perdre de vue qu’hormis quelques rares success-stories se dénombrant sur les doigts d’une main, les chiffres d’adoption grand public sont toujours attendus.

Et pour l’avoir vécu avec la communauté des quelques 500 utilisateurs pionniers du Quantifed Self, nous pressentons que le modèle “un objet = une app = un usage” risque de se fatiguer. La première raison étant que le porte-monnaie du consommateur n’est pas extensible. Parmi les 40 objets attendus par consommateur, nous doutons fortement que le panier puisse se maintenir autour d’une moyenne de 100 euros par objet/app ?

Maison intelligente, voiture et plus largement “routines” connectées, les startups pionnières ont placé la barre très haut. Mix astucieux de design hardware/UX, savoir-faire industriel et marketing sont les clés du succès pour se positionner au plus vite sur ces marchés émergents.

Le design à l’honneur

Le “métier du hardware est très différent du numérique” déclarait Rafi Haladjian, lors d’une interview publiée cette semaine pour le petitweb :

Fondamentalement, le défi  n’est pas de repérer un usage précis pour fabriquer un objet ad-hoc mais de concevoir un environnement flexible où chaque usage peut trouver une place.

Nous n’avons pas dix poignets. Le marché n’est pas extensible à l’infini. Les premières remontées empiriques reçues des early adopters font apparaître un phénomène de lassitude face aux premiers gadgets. Bracelets soigneusement rangés dans le tiroir, piles usées des station météo et j’en passe. La sélection est darwinienne avec un mot-clé : “Friction-less”. Si l’usage n’apparaît pas indispensable dans la routine, l’objet tombe vite en désuétude. Ai-je réellement besoin d’un capteur de sommeil au quotidien ? D’un point de vue personnel, je serais ravi de pouvoir essayer, louer, voire échanger facilement ces devices.

Une courbe en U : du low-cost au très haut de gamme

Aucune prétention d’analyse vis à vis de ce marché naissant et tiré par l’offre, mais mon premier ressenti est l’évolution d’un marché réparti sur une courbe en U.

Courbe en U (crédit http://3ri.free.fr/)

Courbe en U (crédit http://3ri.free.fr/)

À savoir à gauche de l’abscisse, une répartition des produits connectés allant du low-cost pour les babioles et objets les plus courants sujets à la copie. Je pense notamment aux “actionneurs” divers pouvant subir une guerre de prix de la part d’assembleurs de composants. Par curiosité, jetez un coup d’œil à l’étendue de l’offre et aux tarifs sur une simple requête  « pedometer » chez Alibaba : près de 75000 produits pour 1000 fournisseurs.

i-grill

Le i-grill chez i-devices pour les geeks du BBQ

Et de l’autre côté, le haut de gamme, l’innovation extrême où la magie du design, la qualité du service, l’UX font la tendance et pourront justifier des prix élevés assortis de services récurrents.

Cette courbe bien connue dans le monde de l’automobile – pensez aux gammes des Véhicules Electriques vs low-cost – préfigure l’évolution de ce marché. Et pour les marques, les défis à relever sont passionnants pour imaginer de nouvelles relations clients et reconfigurer la part d’attention.. Banque, assurance, food, santé,… l’internet des choses est en marche pour de nouveaux paradigmes.

Pour conclure, retrouvons-nous le 26 mars prochain pour un 8ème meetup “quantified self” dédié au design. Nous comptons sur votre présence pour rencontrer un panel d’experts du design, d’entrepreneurs aventuriers et de chercheurs.

Vous remerciant d’avoir lu jusque là. Faites-vous un nez. Nous sommes convaincus que ces objets représentent une opportunité extraordinaire pour réfléchir sur le renouvellement de services qui disrupteront tous les marchés sans exception. Parlons-en quand vous voulez lors d’un walking-meeting de 5000 pas ?

 

DIGITAL EVENEMENTIEL

Internet des Objets : le marché est ouvert 2/3

Après une première partie consacrée à un rapide retour en arrière dans l’histoire de l’internet des objets, retour dans le flux, la vraie vie de l’agence pour tenter de vous conter le pendant du marché tel que nous le percevons aujourd’hui.

Veille matinale dans les « objets »

Quelques vagues de somnolence ce matin à tenter de suivre le mot-dièse #CES2014 sur Twitter.

En attendant une Mother bienveillante apte à mesurer ma dopamine,  je penserai dès ce soir à rebrancher les objets de contrôles de sommeil + régulation de température /qualité d’air. Et faute de disposer d’un visio-actionneur d’ouverture de porte sur le téléphone, retour dans la vraie vie (hors de l’écran) pour quelques allers et retours à la porte afin d’accueillir nos visiteurs.

Parcouru le nouveau catalogue/moteur de recherche d’objets lancé hier par Wolfram : 3000 objets pour le démarrage. Un porjet restant ouvert au recensement des nouveaux constructeurs. Passionnant et à suivre pour inspiration si vous vous enthousiasmez pour le sujet .

 

La « French Touch » qualifiée d’ingénieuse et créative par les pros du CES

Faute d’avoir pu rejoindre l’ami Jean-Michel Billaut pour sa visioconférence live quotidienne en direct de Villiers le Maheut pour un point avec Olivier Ezratty et d’autres compères de la French Touch, quelques éléments retenus sur l’effervescence du jour.

Le Monde confirme que la high-tech française fait son show à Las VegasSur les huit « trucs les plus cool » recensés au CES par le magazine Wired, la bible américaine de la high-tech, quatre sont français.  Le premier post d’Olivier pour Challenges confirme aussi que les O.C. figurent parmi les trois premières tendances de fond du CES 2014 de Las Vegas :

(…) Deuxième tendance, les objets connectés (à Internet, NDLR). Certes, tout le monde en parle depuis déjà un certain temps, mais ici, on ne parle presque que de ça ! Deux phénomènes caractérisent ces objets ici : premier phénomène, on relève un nombre très importants de « copy cats » (produits qui imitent des produits à succès, NDLR). Par exemple, j’ai compté entre 15 et 20 bracelets connectés du même type que celui de Fitbit (…).

Deuxième phénomène : la variété incroyable des objets connectés, apparemment, aujourd’hui, on peut connecter à Internet un peu tout et n’importe quoi… Par exemple, j’ai vu une raquette de tennis de Babolat qui est connectée au Web et qui vous permet de connaître vos statistiques de jeu ! J’ai vu aussi un thermomètre destiné à mesurer la cuisson de la viande : plus la peine de rester près du four, les données de température sont envoyées directement sur votre Iphone. J’ai vu aussi une bague qui mesure votre exposition aux UV : elle vous indique si vous êtes resté trop longtemps au soleil.

Si ce marché semble en plein essor, attention cependant à la fragmentation : car chacun propose son objet et son application, qui fonctionnent quasiment en autarcie. Du coup, j’imagine que dans le futur, tous ces objets connectés, tous ces capteurs, seront reliés ensemble grâce à un logiciel chargé de leur gestion, afin que l’utilisateur puisse s’y retrouver et garder la main. En gros, un logiciel pour « connecter les objets connectés »…

99% de nos objets restent à connecter

Pour revenir sur quelques chiffres abordés hier, les démographes prévoient 7.7 milliards d’humains pour 2020 à mettre en perspective avec 200 milliards de choses connectées selon les analystes.  Ce qui nous donnerait une moyenne de 28 choses connectées par humain !

Faites le calcul : combien cumulez-vous de box, téléphones, télévisions, automobiles voire podomètres ou autres bracelet-gadgets (peut-être en train de dormir dans vos tiroirs) ? 5, 10, ou 20 objets tout au plus, non ?

Nous sommes encore loin du compte et pouvons sans nous tromper affirmer que 99% de nos objets du quotidien ne sont pas encore connectés.

Un Paysage Économique Encore Bien Distribué

À la différence de notre web féodal ultra-concentré entre trois opérateurs US mondiaux, l’architecture de l’internet de tout devrait -nous l’espérons- évoluer vers un marché plus équitablement distribué.

Paysage de l'internet des choses par Matt TruckSource Matt Truck

Matt Truck a conçu ce tableau pour nous aiguiller au sein de ce secteur. Sa classification qui risque d’être chamboulée, a le mérite de nous exposer clairement les défis de ce marché complexe et atomisée, réparti en trois champs :

  • les plates-formes
  • les apps : quantified self, vie, maison connectée, industries et internet industriel
  • les blocs de construction.

Guerre de standards en vue

Le premier défi (reconnu) à cette heure relève de l’absence de standards d’interconnexions.

Et face à l’urgence de connecter cet ensemble, les constructeurs ont souvent lancé des produits et plates-formes chacun dans leurs coins. Faute de standardisation, l’interconnexion au tout et sans couture risque de relever du parcours du combattant et à un empilement de box et d’interfaces-utilisateurs. Pensez au nombre de télécommandes cumulées sur la table de votre salon. Même si les terminaux mobiles s’imposent de facto comme les principaux « hubs » ou terminaux de connexion associés aux premiers objets, aucun leader ne s’est encore imposé sur ce marché grand ouvert.

Parmi les efforts récents de standardisation, nous pourrons suivre l’annonce de l’Alliance Allseen menée par la Fondation Linux emmenant une belle brochette de partenaires prestigieux dans un consortium à but non lucratif très américain. (LG, Panasonic, Sharp, Silicon Image… évoluant sur la plateforme opensource AllJoyn de Qualcomm.)

La suite demain et à discuter à notre prochain Meetup…

Demain j’essaierai de vous décrire nos intentions de production éditoriale pour notre prochain meetup du Quantified Self consacré au design et programmé pour le 26 mars prochain.

À ce titre, je suis déjà ravi de vous confirmer que Xavier Houy, designer industriel de nombreux objets de notre futur quotidien (Mother, COOKOO, Cogeeto, ….) nous aidera à co-produire ce meetup. Pensez à réserver !

Et à demain pour la suite.

xtof

 

 

 

COWORKING LAB DIGITAL

Internet des Objets : le Jeu est Ouvert !

Cette année encore, les objets connectés sont à la fête depuis hier au rendez-vous annuel mondial du Consumer Electronic Show (CES) qui se déroule jusqu’au 10 janvier à Las Vegas.

Voiture, réfrigérateur, pèse-personne, montre, chaussettes, cocotte-minute…   tous nos objets du quotidien deviennent progressivement intelligents embarquant des capteurs et des logiciels. La grande famille de « l’internet des choses » (internet of things) a donné naissance en 2013 à un marché mondial de 1.2 milliard d’euros en 2013. Et les estimations du Gartner évaluent ce marché à 5 milliards d’euros pour 2015 pour une cinquantaine de milliards d’objets. Soit dix fois plus que le nombre de smartphones !

Santé, éducation, transport, habitat, … tout y passe pour de nouvelles configurations de nos vies quotidiennes. Et cocorico, la dynamique du secteur est favorable aux start-up françaises : parmi les douze premiers objets connectés les plus vendus aux États-Unis sur l’Apple Store, cinq sont français !

Pour mieux comprendre le phénomène, nous démarrons aujourd’hui une série de trois articles.

Le contrat de service selon K. Dick

En 1966, Philip K. Dick, écrivain d’anticipation inspiré, nous projetait avec Ubik dans le monde de 1992.

La porte refusa de s’ouvrir et déclara :
– Cinq cents, s’il vous plaît.
A nouveau, il chercha dans ses poches. Plus de pièces, plus rien.
– Je vous paierai demain, dit-il à la porte. Il essaya une fois de plus d’actionner le verrou, mais celui-ci demeura fermé. Les pièces que je vous donne constitue un pourboire, je ne suis pas obligé de vous payer.
– Je ne suis pas de cet avis, dit la porte. Regardez dans le contrat que vous avez signé en emménageant dans ce conapt.
Il trouva le contrat dans le tiroir de son bureau : depuis que le document avait été établi, il avait eu besoin maintes et maintes fois de s’y référer. La porte avait raison ; le paiement pour son ouverture et sa fermeture faisait partie des charges et n’avait rien de facultatif.
– Vous avez pu voir que je ne me trompais pas, dit la porte avec une certaine suffisance.

Matière à pensée pour imaginer le futur de nos maisons connectées !!! Trêve de plaisanterie, fermons cet ouvrage d’anticipation et continuons dans la vraie vie…

La suite de l’histoire

1992  Vinton G. Cerf, VP et « Chief Internet Evangelist » chez Google, le « Papa de l’Internet » arbore fièrement sur son t-shirt lors d’une conférence à l’IETF :  « IP on Everything » . « Vint » Cerf a été vraiment visionnaire : l’IP est partout aujourd’hui. Plus largement « tout est sur IP« .

1999 Le terme « Internet of Things » est proposé par Kevin Ashton lors d’une présentation chez Procter & Gamble. Son idée : placer des puces RFID dans la supply chain.

2003 23 centimètres de hauteur, le lapin Nabaztag émet des messages vocaux ou lumineux et peut également remuer les oreilles. Rafi Haladjian déclarait : En 2003, nous avons eu cette vision : tous les objets seront connectés. Nous avons ouvert la marche avec un lapin. Nabaztag était son nom.

Son message ancrait la réalité de Vinton Cerf : Désormais tout peut être relié à l’Internet, tout, même les lapins.

internet-des-choses-cerf-nabaztag-withings

2009 Withings présente son premier pèse-personne wi-fi à la conférence Le Web. Les premières messages de poids / indice de masse corporelle émergent sur Twitter. Le mouvement est route.

Depuis les objets connectés s’incrustent dans notre quotidien. Les grands groupes d’électronique se sont visiblement mis dans l’idée de tout connecter à Internet. Après les lunettes, les bracelets, les montres, les vêtements, les balances, les pots de fleurs, Sony va même jusqu’à présenter une perruque reliée à internet.

2013 Dix ans ont passé depuis le lapin Nabaztag. « Mother & The Motion Cookies » est primée au Consumer Electric Show de Las Vegas 2014. Le discours et les présentations de Rafi Haladjian, notre père spiritual de l’objet connecté, apportent enfin un peu de fraîcheur. Le cyberflic se féminise et prend l’allure d’une maman Barbapapa prête à s’intégrer dans nos interactions familiales : la « Mother » sait tout !

2014 : Le jeu est grand ouvert. Les portes du CES sont grandes ouvertes et accessibles à distance par une simple requête google en suivant le mot-dièse #CES2014 sur twitter. Coup de pouce à l’ami Jean-Michel Billaut qui animera demain (mercredi) et après-demain (jeudi) à 17h30 heure française des visio-conférences avec quelques correspondants gaulois pour un point live sur leurs trouvailles.

Et de notre côté, nous vous donnons rendez-vous demain soir pour tenter un éclairage plus approfondi et personnel sur ce que nous aurons retenu de l’actualité et nos premiers pressentis pour aborder ce marché.

À demain.

 

xtof