Depuis quelques années, un nouveau phénomène appelé « Cancel Culture » ou « Cancel-out Culture » fait fureur aux États-Unis et se répand de plus en plus dans le monde. Traduit en français en « Culture de l’annulation ou culture de la dénonciation », il s’agit d’un appel au boycott d’une personne, physique ou morale, qui a tenu des propos ou fait des actes jugés offensants. Prenant surtout son essor dans le monde du « showbiz », ce phénomène s’attaque à différents sujets comme le racisme ou le sexisme. Mais que sait-on exactement de cette pratique?? Pour vous aider à y voir clair, focus sur le Cancel Culture.
Cancel culture symbol or cultural cancellation and social media censorship as canceling or restricting opinions that are offensive or controversial to the public with 3D illustration elements.
LA CULTURE DE L’ANNULATION OU LA DÉNONCIATION?
Pour faire simple, le cancel culture est une pratique qui consiste à ostraciser une personne qui tient des propos ou faits des actes qui conduisent à l’indignation publique, notamment sur les réseaux sociaux. Ce terme apparu pour la première fois en 2017 et base sont approchés sur le mouvement du woke. Il s’agit du fait de prendre conscience des injustices sociales et raciales subies par les minorités. En culture de dénonciation, ladite injustice fait l’objet d’une dénonciation public, ce qui conduit à une action massive comme un boycott ou une ostracisation de la personne concernée.
Aujourd’hui, cette pratique s’attaque à tous les sujets qui peuvent conduire à l’indignation d’une communauté ou du grand public. Il peut s’agir de propos ou d’actes considérés comme racistes ou sexistes. Cela peut aussi être un propos ou un acte considéré comme offensant ou haineux sur la religion ou sur la communauté LGBTQ. L’accusé et la victime peuvent donc être n’importe qui. Dans la majorité des cas, l’accusé est une personnalité publique comme un artiste, un businessman, un politicien, un intellectuel, etc. Parmi les nombreuses personnalités qui sont dénoncées ou « cancelled », on cite le réalisateur Roman Polanski, le producteur Harvey Weinstein et le professeur de criminologie Mike Adam.
Cette culture de la dénonciation a pris de l’ampleur grâce aux réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram et autres. En effet grâce à ces outils, il est possible de partager aisément les cas de propos ou de l’acte jugé injuste ou inacceptable. D’ailleurs, ironiquement, il arrive que le boycott soit causé par l’accusé lui-même. Parmi les exemples, on cite l’actrice Gina Carano qui est virée de la série à succès Mandalorian de Disney à cause de publications considérées comme odieuses impliquant les juifs et l’Allemagne Nazie. Selon le cas de figure, la culture de la dénonciation peut avoir un impact sur le long terme ou n’être qu’une action médiatique de courte durée.
Note : Si le terme « Cancel Out Culture » fait son apparition en 2017, notez que cette pratique ne date pas d’hier. À travers l’histoire, plusieurs personnalités publiques ont fait l’objet de boycott comme le philosophe Spinoza (1632 – 1677). Pour rappel, ce dernier est banni de la communauté juive au XVIIe siècle en raison de sa croyance.
LES CAS DE CANCEL CULTURE D’ACTUALITÉ
Dans le monde de l’art, cette pratique peut conduire au boycott d’un œuvre comme un film, un livre ou un tableau, etc. Cela peut être dû à son auteur ou au contenu de l’œuvre lui-même.
L’affaire Polanski
Dans le domaine du cinéma, le réalisateur franco-polonais Roman Polanski est considéré comme une pointure avec des films à succès comme Rosemary Baby. Mais sa notoriété est tachée par plusieurs affaires de viol, dont la plus célèbre est celle de Samantha Geimer. Cette dernière n’avait que 13 ans au moment des faits. Cette sale réputation suit encore le réalisateur qui est rejeté par bon nombre de personnes du showbiz. Son dernier film dont le titre est ironiquement « J’accuse » fait l’objet de boycott et scandalise pour son César du meilleur réalisateur.
Les films boycottés
Outre les auteurs, il y a également des films qui sont sujets à cancel culture en raison de leur contenu. C’est notamment le cas du film « Autant en emporte le vent » de Victor Fleming sorti en 1939. Si pendant longtemps, ce film est considéré comme un des plus grands chefs-d’œuvre du 7e art, il est aujourd’hui jugé comme raciste. En raison de la controverse, HBO max qui est chargé de sa distribution en ligne du film décide de retirer l’œuvre de son catalogue.
Le mouvement #MeToo
Outre le cas Polanski, il y a de nombreux cas d’abus sexuel dans le showbiz. Au fil des années, de nombreuses femmes ont commencé à briser le silence, ce qui a conduit à la création du mouvement #metoo. À travers le monde, des noms de réalisateurs, producteurs et acteurs sont sujets au cancel out culture. On cite l’exemple de l’affaire Weinstein qui a eu gain de cause devant la justice américaine.
LE PROBLÈME DE LA CANCEL CULTURE
La cancel culture s’apparente au concept du politiquement correct, ce qui permet d’éviter d’offenser une personne ou une communauté sur son ethnie, son sexe ou sa religion. En théorie, cette pratique permet donc de développer une bonne conduite. Mais en pratique, c’est plus de l’auto-justice, un tribunal sur les réseaux sociaux. Il faut savoir que dans certains cas, la victime du cancel culture n’est pas toujours fautive.
LA CANCEL CULTURE ET LA E-REPUTATION
Dans un monde où la « cancel culture » gagne du terrain, l’impact sur l’image et la réputation d’une entreprise ou d’une personnalité publique peut être significatif et immédiat. Quand une entité se retrouve au cœur d’une controverse pour avoir tenu des propos ou adopté des comportements jugés inappropriés, cela peut entraîner un désengagement rapide de la part de consommateurs actuels ou potentiels. Ce phénomène peut se manifester par un boycottage de la marque, vu comme une extension des valeurs personnelles du consommateur. La perte de confiance ne touche pas seulement l’entité en question, mais peut également s’étendre à des célébrités, des influenceurs et d’autres marques qui lui sont associées, affectant ainsi leur propre image et crédibilité.
Le cas Balenciaga
Ils ont suscité la controverse, soulignant la fine ligne entre une publicité audacieuse et une qui franchit les limites de l’acceptable. La réaction, ou l’absence de réaction, à ces controverses est un choix stratégique qui peut avoir des conséquences durables. Il est devenu essentiel pour les marques et les figures publiques d’adopter une position claire lorsqu’une controverse éclate. L’engagement dans le dialogue sur des sujets sensibles peut renforcer les liens avec leur audience, montrant une marque ou une personnalité comme étant engagée et authentique. Cela peut aussi attirer de nouveaux consommateurs qui partagent les mêmes valeurs. Cependant, si la position adoptée semble déconnectée ou inauthentique aux yeux du public, cela peut provoquer un backlash, menant à la perte de soutien de la part de certains consommateurs.
Le cas de Kim Kardashian
Elle a été critiquée pour sa réaction tardive au scandale de Balenciaga, illustre la pression exercée sur les figures publiques pour qu’elles prennent position dans des situations controversées. Les consommateurs exigent de plus en plus des entreprises et des personnalités publiques qu’elles contribuent positivement à la société, ce qui nécessite une communication transparente et authentique pour maintenir leur crédibilité et leur relation avec le public. Faire une erreur est humain, mais l’important est de savoir écouter les critiques, prendre ses responsabilités, présenter des excuses sincères et prendre des mesures concrètes pour rectifier le tir.
La « cancel culture » ne se contente pas de remettre en question l’image publique ; elle incite également les marques et les individus à une introspection profonde et à une responsabilité accrue. Dans ce contexte dynamique, la capacité d’une marque ou d’une personnalité à évoluer, à répondre avec authenticité et à prendre des initiatives positives devient cruciale. Les défis posés par la « cancel culture » peuvent en réalité devenir des opportunités pour renforcer la confiance, approfondir l’engagement envers des valeurs partagées et, finalement, forger une connexion plus significative avec le public. C’est dans cette capacité de transformation et d’adaptation que réside la véritable résilience face aux vents changeants de l’opinion publique.