L’intelligence artificielle, les objets connectés, l’imprimante 3D, le cloud, la data, la réalité virtuelle (VR), la robotique, toutes ces innovations viennent disrupter la société, les rapports humains et les industries traditionnelles à travers de nouveaux modèles économiques. Cette succession d’innovation s’enchainant à un rythme effréné et l’incroyable accélération du temps bouleversant tout notre écosystème sont les caractéristiques majeures de la révolution numérique touchant aujourd’hui l’ensemble des pans de notre société.
En réalité cette dite révolution engendre surtout de nouveaux paradigmes. Désintermédiation, horizontalité des relations, transparence, échange de pair à pair, les nouvelles technologies se voient depuis plusieurs années leviers de nouvelles structures sociétales et relationnelles. Dans un même temps, nous assistons à une notion de confiance de plus en plus mise à mal. L’hypercapitalisme, les systèmes financiers obscurs, les institutions politiques voient naître un sentiment de défiance de plus en plus important à leur égard.
Le web à ses débuts nous promettait un vent de liberté et de transparence, néanmoins le fait que les institutions restent scotchées dans le passé laissent un boulevard pour les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autres Natu (Netflix, AirBnB, Tesla, Uber). La fracture s’est créée et ne cesse de s’amplifier. Face à cette rupture, une technologie émerge depuis quelques années. Cette technologie, la blockchain, semble être porteuse d’un nouveau modèle d’organisation et de nombreux espoirs répondant à l’attente de transparence et de confiance. Le sujet suscite une frénésie et un enthousiasme rafraîchissant depuis plusieurs années, cet engouement s’intensifie en 2016. Google Trends s’emballe lorsqu’on l’interroge sur le sujet.
Qu’est ce que la blockchain, que trouve t-on derrière ce gros mot, cette technologie ? Mais surtout à quoi peut-elle servir ? En quoi celle-ci impacterait la notion de confiance et pour qui ?
C’est ce que nous allons développer à travers une série d’articles en tentant d’expliquer, de développer, de remettre en cause et de comprendre ce concept en devenir.
La BlockQuoi ?
C’est quoi au juste la blockchain ?
Avant tout la blockchain ou « chaine de bloc » est une promesse, la promesse de pouvoir se faire confiance, sans se rencontrer et sans se connaitre. Cette confiance sera assurée par la technologie blockchain et non plus par un tiers.
Si l’on devait schématiser la blockchain, on pourrait la décrire comme un grand registre comptable, indestructible, accessible à tous où chacune des écritures est anonymes et absolument indélébiles.
Facile non ?
Dans ce grand registre comptable, nous pourrions y laisser une multitude de choses, des engagements, une vente, un paiement, des reconnaissances de dettes qui resteraient valides jusqu’à ce que l’argent soit remboursé et que cela soient confirmé par le receveur.
Mais est-ce sécurisé ? Ne pourrait-on pas écrire sur ce registre en se faisant passer pour quelqu’un d’autre ou même antidater notre écriture ?
Et bien oui extrêmement sécurisé, car nous devons signer, et cette signature est unique et absolument infalsifiable. De plus, nous horodatons l’écriture.
Sous quelle forme se matérialise-t-elle ?
Le principe de la technologie blockchain n’est donc pas si compliqué, maintenant il vous suffit d’imaginer que ce registre comptable se matérialise sous la forme de petit bloc lié les uns aux autres chronologiquement d’où le nom de chaine de bloc. Chaque transaction ou écriture du registre se trouve au sein d’un de ces blocs. Chaque nouvelle écriture / bloc venant se placer au bout de la chaine de manière chronologique. L’ensemble de cette chaine de blocs est accessible par tous à tout instant à travers un ordinateur via le réseau.
Si nous devions le résumer en une définition :
La blockchain est une base de donnée décentralisée qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de donnée est sécurisée et distribuée sur un réseau.
Les origines de la Blockchain : Bitcoin
Le premier exemple de technologie blockchain est la monnaie numérique Bitcoin créée en 2008 par un illustre inconnu, sous le pseudo de Satoshi Nakamoto. Il faut savoir que toute blockchain marche avec un système de jeton à l’image de Bitcoin, le Bitcoin étant le jeton.
Bitcoin est aujourd’hui la crypto-monnaie la plus connu et la plus populaire. C’est un dispositif de paiement libre, rapide, sécurisé et décentralisé qui permet d’envoyer de l’argent à quelqu’un sans passer par une institution financière. Bitcoin est un moyen de paiement, un protocole informatique mais surtout une révolution se basant sur une technologie nouvelle : la blockchain.
Pour posséder des Bitcoin et pouvoir ainsi réaliser une transaction à travers la blockchain, un utilisateur doit posséder un compte Bitcoin que l’on pourrait comparer à un coffre-fort ou même à un compte en banque.
Le détenteur possède une « clé publique » de ce compte qu’il peut transmettre à toute personne voulant lui envoyer des bitcoins, c’est en quelque sorte un RIB. On peut, grâce à celui-ci, envoyer de l’argent mais absolument pas en faire sortir du compte.
D’un autre côté, le détenteur du compte possède une « clé privée », c’est en quelque sorte son code secret pour accéder au coffre/compte. Il est donc primordial de bien protéger cette « clé privée ».
Mais que se passe-t-il lors d’une transaction ?
Imaginons que Sophie souhaite envoyer 10 Bitcoins à Rémi. Pour cela Sophie accède à son compte grâce à sa clé privée et initie la transaction en entrant l’adresse de destination qui est la clé publique de Rémi.
La transaction part sur le réseau blockchain dans ce que l’on appelle un bloc. L’ensemble des machines d’utilisateurs du réseau vont vérifier que la transition est valide, c’est-à-dire vérifier que Sophie n’a pas déjà utilisé ses 10 Bitcoins au sein d’un bloc précédent.
Pour cela, les machines du réseau mettent à disposition leurs puissances de calcul pour assurer la validité de la transaction en résolvant des calculs mathématiques complexes. Ce sont ces calculs qui assurent collectivement l’intégrité et la sécurisation du réseau.
Lorsque la transaction est validée, on dit que le bloc est validé. Les machines ayant participées à la validation du bloc sont rétribuées par une fraction de Bitcoin. On appelle l’action de validation de bloc par les machines : le minage.
Le bloc ainsi validé va venir s’enchainer à l’extrémité de la blockchain et sera horodaté. Les blocs se classent de manière chronologique au sein de la blockchain à laquelle tous les utilisateurs ont accès.
Lorsque le bloc est validé et ajouté à ce grand registre qu’est la blockchain, les 10 Bitcoins transférés par Sophie arrive sur le compte de Rémi.
L’ensemble des transactions effectuées sont donc inscrites dans un grand registre décentralisé (la blockchain) partagé par tous les utilisateurs du réseau et sécurisé pas tous les utilisateurs.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YQduQf1058I[/youtube]
On estime aujourd’hui la valeur cumulée des Bitcoin en circulation à près de 8 milliard de dollars.
La Blockchain, bien plus que Bitcoin
Nous assistons depuis quelques années à une réelle effervescence autour de cette technologie, mais il n’en fut pas toujours de même. Longtemps décrié et mise à mal par la presse, Bitcoin plus particulièrement fut dénigré et trop souvent associé aux activités illicites du deepweb.
Mais est ce que l’histoire ne se répèterait pas ?
En 1990, alors qu’une poigné de personne en France s’intéresse au protocole TCPIP qui fit la grande révolution numérique que nous connaissons aujourd’hui, une partie des médias firent preuves d’un grand scepticisme et de dédain vis-à-vis de cette technologie. Ne pourrait-on pas faire un parallèle entre le développement du protocole TCPIP et le développement de la blockchain. Là où internet a redonné du pouvoir aux utilisateurs en leur permettant de communiquer à travers le réseau en s’affranchissant des diffuseurs traditionnels, est ce que la blockchain ne leur redonnerait pas du pouvoir en leur permettant des échanges entre pairs, qu’ils soient financiers ou matériels, et ce, sans institutions ou plateformes les chapotant.
Les limites actuelles de cette technologie sont doubles, d’une part techniques car celle-ci demande de puissantes ressources informatiques. D’autre part juridiques car les pays n’ont pas encore développé de cadre légal et les entreprises engageant des projets de blockchain se retrouvent encore souvent dans une zone grise. Toutefois les choses ne sont pas figées, fin avril 2016, nous avons vu les premiers pas de la blockchain dans la loi française, celle-ci y est définit comme « un dispositif d’enregistrement électronique partagé permettant l’authentification d’opérations ».
Depuis la sortie de la blockchain Bitcoin il y a plus de huit années, une multitude de projet impulsé par les utilisateurs pour les utilisateurs ont émergé pour améliorer l’originelle et ouvrir son utilisation à de nouveaux horizons. Les banques furent les premiers à s’emparer du sujet mais c’est maintenant l’ensemble des pans de l’économie qui s’y intéresse. Les projets d’applications se multiplient et un horizon des possibles s’ouvre à l’image de la blockchain Ethereum. Mais comme synonyme d’avertissement, le projet The DAO de financement décentralisé autonome s’appuyant sur la blockchain Ethereum a été le 17 juin la cible d’un hacker qui a su exploiter une faille remettant ainsi en cause les fondement du projet, de ça pertinence à sa sécurité voulu sans faille. La suite dans nos prochains articles…
[Source]
http://rue89.nouvelobs.com/
https://blockchainfrance.net
http://framablog.org/
https://medium.com/belem-blockchain
vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=YQduQf1058I
https://poulpitablog.files.wordpress.com/2016/05/blockchain-for-all.pdf
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