Depuis quelques années, nous regardons avec envie les festivals de Hacker. Le plus connu étant le rassemblement du Chaos Computing Club à Berlin. Cette année, pas de CCC mais le OHM (Observe, Hack & Make) à 50 km de Amsterdam.,
C’est donc Thibaut et Nicolas, via Xavier, qui ont eu la chance d’être choisis par 50A pour s’immerger et découvrir cet événement. Imaginez un gigantesque camp, plus de 115 campements, 3000 personnes venues du monde entier, 5 jours de conférences et ateliers en plein air, des idées, projets, connaissances qui fusent et qui se partagent. Rythmé par des règles et codes de vie communautaires à la hauteur des rencontres tribales, féodales, OHM démontre que l’organisation classique existera à jamais.
[OBSERVE]
« déambulez dans le campement pour sentir le vent des idées »
A notre arrivée, nous cherchons où planter notre tente, nous faisons connaissance avec les membres d’un hackerspace, mais pas n’importe lequel : le premier hackerspace français, créé en 2007, le tmplab. Ils nous accueillent dans leur campement – merci à eux – et c’est le début de l’aventure !
Chaque campement est rattaché à un clan. Certains se déplacent avec des drapeaux pour revendiquer leur appartenance. Des workshops sont proposés dans certains hackerspaces. Justement, un hackerspace, qu’est-ce que c’est ? C’est un peu comme un laboratoire de hackers, un lieu de collaboration. Des hackerspaces se développent d’ailleurs partout dans le monde.
Plusieurs hackerspaces français sont là, ils viennent d’un peu partout : le Tmplab, le Tetalab de Toulouse avec Alexandre et Marc, le Labfab de Rennes de John Le jeune, l’Electrolab… Et au détour des ateliers, nous croisons la route d’hackerspaces belges, d’un crew malaisien, Hack in the box, du groupe d’Alexandre, des luxembourgeois… Autant de rencontres qui ont animé notre weekend !
« be excellent to each other »
OHM 2013 : de quoi en finir avec l’image du hacker geek planqué derrière son ordinateur.
Le but, nous l’avons bien compris, c’est de partager des connaissances, de débattre de problèmes rencontrés, de s’inspirer les uns les autres, de communiquer sans limites autour des technologies et de leur importance dans le monde contemporain.
Nous allons de découverte en découverte. La vitesse du réseau wifi est impressionnante, 5 GO. On croise toutes sortes de personnes : des jeunes, des moins jeunes, femmes, hommes, de tous styles possibles, des familles venues avec leurs jeunes enfants même. Sans doute est-ce parce que ce festival prouve que le hacking ne se limite pas à l’informatique pur et dur et qu’aujourd’hui tout se hacke… Et surtout le réel, au delà du virtuel.
[HACK and MAKE]
Clarifions immédiatement: Hacker = Bidouiller. Enlevons nous de l’esprit la connotation négative associée au terme de « hacker ». Tous les hackers ne sont pas des pirates ! L’idée est bien celle que le hacking ne se limite pas aux ordinateurs : tout se hacke puisque le hacking consiste en un processus de déconstruction et de reconstruction.
D’atelier en atelier, nous allons découvrir plusieurs facettes du hacking. A peine la tente montée, nous voila en train de nous confectionner des crèpes en 3D ! C’est simple, une imprimante 3D est hackée et son usage devient tout autre !
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=dy9TTv7_AHY&feature=c4-overview&list=UUZ5v0d2WOu-v4dFvAMaGzvw[/youtube]
Nous croisons la route de l’infatigable Mitch, Maltman23, du hackerspace NoiseBridge, inventeur de cette fameuse télécommande, capable d’éteindre les téléviseur dans les lieux publics.
#Lockpicking
Xavier nous avait conseillé d’assister au Workshop de #Lockpicking animé par Jos Weyers. Tout se hacke et nous voilà en train de hacker le réel… Si on y réfléchit bien, crocheter une serrure, c’est la détourner, et c’est justement cette idée de détournement d’un objet, d’un système qui est contenu dans le hacking. Dans son sens le plus répandu, le hacker détourne des systèmes de sécurité virtuels, alors pourquoi pas en revenir au réel et hacker une serrure… Après tout, c’est la même logique, cette logique de liberté, adaptée à du concret.
C’est donc au FRUBAR que nous nous sommes initiés à cette discipline. Rapidement deux sympathiques hollandais nous montrent quelques techniques. Il parait que c’est le IT du hacker.
Fiers d’avoir su saisir la chance du débutant après avoir ouvert 3 cadenas*, nous filons naturellement nous procurer le kit, puis passons un bon moment entre #lockpickers.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=DLxn1JiX6ug&feature=c4-overview&list=UUZ5v0d2WOu-v4dFvAMaGzvw[/youtube]
*attention, jeu interdit en France
Le hacking sous toutes ses formes
Pour se remettre de ces émotions (ça creuse d’ouvrir des serrures!) nous nous rendons au stand d’ICMP, Intergalactical Club-Mate Party, pour savourer le coktail des hackers, le Tschunk et hacker notre pizza (tu paies, tu choisis tes ingrédients, tu prépares et tu chauffes ta pizza). Oui parce qu’hacker peut aussi s’appliquer à la nourriture. Si l’on y réfléchit bien, cuisiner du fait-maison, c’est un peu hacker, tout est dans la transformation !
Nous avons également croisé sur notre route la Food Hacking Base où un homme du nom d’Algodor prépare des boissons par fermentation et formation de bactéries. Et aujourd’hui, entre la montée en puissance de nouveaux types de cuisine comme la cuisine moléculaire et le retour du fait-maison et du consommer local du fait des récents scandales sanitaires, plus que jamais, le food hacking est une tendance indéniable !
Hacker les animaux aussi, ça paraît étrange… Pourtant, c’était bien une autruche que nous avons vue, transformée en hélicoptère. Une autruche volante, donc, qui, empaillée, a été hackée et transformée pour lui donner un tout autre usage.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UlWTVKbK70A[/youtube]
Puis, intrigués par des bruits métalliques, nous observons des participants à un workshop de ferronnerie.
Direction ensuite le stand des petits frenchies de l’Electrolab, un hackerspace basé à Nanterre où les jeunes esprits qui y officient mettent leur imagination au service de moyens de transport écologique. Nous y rencontrons Samuel dit « Crafty » et toute sa bande.
Quelques imprimantes 3D et une organisation irréprochable, venus à une vingtaine, tout est impeccable… #respect
Après toutes ces geekeries nous ne pouvions rater la conférence d’Eleanor Saitta qui a engagé un débat sur la surveillance et la sécurité. Elle questionne notre manière de raisonner en précisant que la société actuelle a un etat d’esprit similaire à la CIA. Elle decrit l’espionnage comme un moyen de controller et de surveiller l’Etat et explique l’evolution de l’espionnage à travers le temps. Aujourd’hui, alors que nous avons les moyens d’espionner, de tout savoir, le hacking est devenue monnaie courante. Au passage, on nous explique et démontre comment il est possible d’intercepter et scanner toutes les communications mobile et web.
Nous ne pouvions ensuite pas manquer la séance de Hacking massage dans la secte Baba Peace Love de la Quadrature du net. Le hacking massage, ça peut paraître bizarre, mais la base même du hacking, c’est la libre circulation de l’information, comme celle du massage est la libre circulation des énergies dans le corps. Eh oui, revenir au toucher ! Quoi de plus réel dans ce monde digital ! Nous rencontrons Karine Rathle, danseuse et chorégraphe.
Puis la nuit tombe, les LED s’illuminent, le son et les basses s’allument et c’est parti pour une party à ciel ouvert. A ce petit jeu des clans se détachent assez nettement l’Ambassade italienne et les pionniers allemands GERAFFEL. Pour des raisons que vous comprendrez, l’intégralité de la soirée ne sera pas résumée ;)
Au lever du jour, l’odeur du café réveillent les hack-campers. Les yeux légèrement froissés, on nous conseille fortement de participer aux RMLL, rencontres mondiales du logiciel libre, qui se dérouleront à Montpellier l’été prochain !
C’est décidé, l’année prochaine, on emmène tout le monde hack-camper!
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